Evelyne Ombeni d’origine congolaise, elle est assistante juridique dans les équipes de représentants légaux des victimes dans quelques affaires devant la Cour Pénale Internationale (CPI). Elle est détentrice d’une licence en droit public international (Université protestante au Congo) et d’un master complémentaire en droit international et Européen des Droits fondamentaux (Université de Nantes).
Evelyne Ombeni est née à Bukavu, en novembre 1980. C’est là qu’elle fera ses études primaires et secondaires. Mais tout bascule dans sa vie en 1994 lorsque ses deux parents décèdent l’un après l’autre. C’est là qu’un de ses oncles décide de l’adopter avec ses trois frères.
« Nous étions littéralement restés orphelins. Nous avions connus toutes les misères et abus qui puissent exister au monde. L’expérience d’orpheline avait affectée très négativement ma vie. De l’enfant qui faisait plus de 80 pourcent à l’école, je m’étais retrouvée en train d’obtenir 40 pourcent. Personne au tour de moi ne cernait la dépression dans laquelle je m’étais retrouvée. J’avais la charge de mes trois frères alors que j’étais aussi enfant (14 ans) », me confie-t-elle.
En dépit ces péripéties, Evelyne parvient à inverser la tendance ; c’est dire : tourner ou changer sa souffrance en force. La souffrance a fait d’elle l’avocate qu’elle est; la femme qu’elle est.
En Juillet 1998, un mois avant la prise de la ville de Bukavu par la rébellion du RCD, elle et ses deux frères vont à Kinshasa y poursuivre leurs études. Elle est alors en 4ème année [cycle d’humanité pédagogique] dans une petite école de la place dénommée « Ecole Normale Pilote » où elle obtiendra d’ailleurs son diplôme d’Etat en 2001. Lorsque vint le temps de s’inscrire à l’Université, son tout premier choix était de faire le journalisme. Elle rêvait de tout cœur devenir « reporter » dans les zones de conflits armés, étant elle-même exposée à la guerre toute jeune et, ayant vécu des expériences traumatisantes, elle voulait à mon tour donner un éclairage unique à l’humanité et transmettre une information à travers les médias des histoires de ces milliers d’enfants, femmes, hommes, vieillards victimes des guerres.
Elle décide alors de s’inscrire à l’IFASIC/Kinshasa (Institut Facultaire de Sciences de l’Information et de la Communication) mais lorsqu’elle apprend que les années académiques y sont élastiques, elle change d’avis : le destin décide autrement. Il lui vient alors l’idée de faire le droit afin de devenir avocate, parler pour ceux et celles qui n’ont pas de voix. Elle obtient alors son inscription à l’Université Protestante au Congo (UPC) où elle obtiendra, en 2007, un diplôme de licence (Bac +5) en Droit Public International). S’enchaina ensuite des stages professionnels : Nations Unies (Haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Hommes), puis au PNUD dans la section « Genre ». Elle me confiera : « Pendant mon stage au Droit de l’homme, le Bureau était impliqué dans la problématique de fournir un appui à la justice Congolaise dans le procès de Songomboyo et d’autres procès qui impliquaient de auteurs des crimes internationaux. La répression de crimes internationaux était tout de suite devenue ma passion et mon cheval de bataille. Le phénomène de recrutement d’enfants soldats, violences sexuelles à grande échelle utilisées comme arme de guerre, la problématique de la question d’amnistie accordée aux Seigneurs de guerre, la question de réparation des victimes de crimes internationaux en droit congolais, la lutte contre l’impunité… autant de sujets qui m’intéressaient à l’époque et pour lesquels je cherchais de réponses ».
En 2008, Evelyne est sélectionnée pour un stage à la Cour Pénale Internationale (CPI) d’une durée de 6 mois. Après son stage, elle sollicite de rester travailler, pro bono, afin d’approfondir ses connaissance sur la question de justice pénale internationale. Un an après son stage, elle est sélectionnée pour travailler en qualité de « Case Manager », avant qu’elle ne devienne Assistante Juridique dans les équipes de Représentants légaux des victimes dans quelques affaires devant la Cour pénale.
« Dix ans d’expérience dans la justice pénale internationale, dix années couronnées d’expérience inouïe, de joies mais aussi de défi », m’a-t-elle balancé avant de finir notre entretien.
Auteur : Benjamin Babunga Watuna