Une chrétienne faisant de la dépression « Comment cela est-il possible ? Elle n’a pas la foi ? Elle n’a pas l’Esprit-Saint ? »
Etre chrétien n’exclut pas le fait de passer par des moments difficiles, des moments de doute au point de tomber dans une certaine forme de dépression, bien au contraire. Nous avons plusieurs témoignages d’hommes et de femmes de Dieu ayant souffert ou traversé des épreuves similaires à celles que des non croyants peuvent affronter. La bible nous dit dans Néhémie 8:10 « Ne vous affligez pas, car la joie de l’Eternel sera votre force. »
« La chanson me ramène à l’endroit où Jésus m’a sauvé, et je pense que j’en parle un peu. Tout au long de ta vie il te sauve de différentes choses avec lesquelles tu peux avoir du mal à te détacher ou à arreter. » Déclare Tasha Cobbs
Au cours d’une interview à coeur ouvert Tasha Cobbs s’est livré au magazine Essence sur les difficultés qu’elle a rencontré à surmonter ses états dépressifs.
« Déjà étant plus jeune, je ressentais toujours de profondes tristesses. Je supposais que c’était juste moi, et que quelque chose n’allait pas avec moi. C’est en 2007, alors que je dirigeais l’équipe d’adoration de mon église que j’ai réalisé que c’était bien plus profond. Cela faisait 4 ou 5 ans que ce ministère m’avait été confié, et pendant toutes ces années j’allais à l’église, j’embrassais et souriais à tout le monde, je prenais les enfants dans mes bras, etc.…
Je pouvais me lever, chanter et voir des gens être délivrés et expérimenter la liberté dans leur vies tout en rentrant chez moi pour me mettre sous des tonnes de couvertures, avec les rideaux fermés, sans manger et ne plus sortir de ma chambre pendant des jours. Ma cousine (et colocataire de l’époque) Shaniqua connaissait bien la routine : lorsque nous rentrions de l’église, je me déshabillais pour mettre quelque chose de plus confortable et m’allongeais dans mon lit pour y rester des jours entiers. Cette fois-là cela faisais 3 ou 4 jours que je n’avais pas quitté ma chambre. La maison était complètement plongée dans l’obscurité ; rideaux fermés. La tristesse était si pesante dans cette maison que ma cousine a déménagée pour vivre chez mon pasteur cette semaine.
Sous ces couvertures, il m’arrivait de me dire « Personne ne veut de toi, il n’y a que ton don et tes talents qui les intéresse. Les gens ne te tolèrent que pour ce que tu as à offrir, mais personne ne te rend tout ce que tu donnes. » Bien sûr, c’était faux, mais j’étais bloquée dans cet état de rejet où peu importe ce que je faisais, ce que j’offrais, j’avais l’impression de ne pas être assez bien. Je pleurais des heures entières. Parfois il m’arrivait même de pleurer sans savoir pourquoi. C’était juste une lourdeur qui me tombait dessus sans que je ne puisse l’expliquer.
Pendant ces moments, quelque chose dans mon esprit m’a dit « Tasha, tu dois faire quelque chose. » C’était juste un moment où je sentais que je ne pourrais plus avancer dans ma carrière et mon ministère si je me permettais de rester dans cet état. Je me suis dit « Quelqu’un va finir par le découvrir et ça va prendre des proportions que je ne pourrai pas gérer. » Donc je me suis levée pour faire des recherches et j’ai commencé à étudier ce qu’était la dépression. J’ai appelée ma cousine Shaniqua et mon pasteur pour leur dire que je pensais avoir trouvé ce qui n’allait pas. J’ai tout de suite trouvé un psychothérapeute pour pouvoir parler de ce qui m’arrivait.
Mon thérapeute a diagnostiqué une dépression. Je sais ce que vous pensez : Tasha Cobbs, chanteuse de gospel, et gagnante de plusieurs Grammys, en dépression ? Oui, une dépression.
Aller en thérapie était nouveau pour moi. Je ne connaissais personne qui consultait un thérapeute, du moins c’est ce que je pensais. Nous ne parlons pas assez de santé mentale dans nos églises, ou dans notre culture (afro-américaine). Je me souviens avoir été très angoissée à l’idée d’y aller. Lorsque j’ai commencé à y aller je ne l’avais confié qu’à mes amis proches et ma famille, et ils m’ont tous beaucoup soutenue. Ils appelaient pour me dire « Es-tu allée à ton rendez-vous aujourd’hui ? Est-ce que ça t’a fait du bien ? » Mais je connais des personnes qui n’ont pas ce type d’entourage, encore une fois, surtout dans notre culture, et ils souffrent en silence. Nous devons y remédier. Notre culture et nos églises en général, devraient accorder plus d’attention à la dépression et aux personnes qui luttent avec des troubles mentaux. En partageant mon témoignage avec différentes personnes, je me suis aperçue que c’était quelque chose de bien plus fréquent que ce que nous voulons admettre. Et je suis prête aujourd’hui à tenir le rôle de leader dans notre culture pour enfin aborder les problèmes mentaux que nous avons ignoré pendant bien trop longtemps.
Tout au long de ces épreuves ma foi à toujours été mon pilier. J’utilise toujours l’exemple de mon père. Il était la fondation de notre famille. Il m’a appris tout ce que je sais du ministère et de la vie en général. Mon père nous a quitté il y a bientôt deux ans de cela, une semaine avant que je ne gagne mon premier Grammy Award et l’une des questions que les gens me posaient toujours étaient : « comment as-tu réussi à faire ton deuil tout en étant aussi exposée ? ».
Je crois que dans la vie vient un moment où nous devons vivre ce que nous prêchons. J’avais prêché que mon Dieu est un Dieu de paix, il est celui qui nous libère de tout chaos dans nos vies. La Bible parle de la paix qui surpasse tout entendement. Avec toute la foi que j’ai, je dois croire en ce Dieu que je prêche. Je peux à tout moment le consulter et il me donne cette paix, et j’ajoute à ça la thérapie, qui me garde lucide.
Maintenant je mets en pratique ce que je prêche parce que c’est la seule chose qui guérit vraiment. Je crois que cette thérapie a éveillée ma conscience et mis en lumière les parties de moi qui avaient besoin d’être guéries, et que Dieu ainsi que ma foi m’ont guérie ensuite.
Jennifer Grace Duwhaz